Un dialogue combatif

Nous partions au combat et nous avons obtenu une victoire du dialogue. Il y a quinze jours à peine, la ministre refusait toute négociation sur son projet de loi. Mais la mobilisation générale du monde de la santé privée aura eu raison de son indifférence. Campagne choc de communication, prises de paroles multiples dans les médias régionaux, engagement massif des établissements de santé privés et des médecins libéraux ont démontré notre détermination et notre capacité d’opposition. Si les communiqués ministériels de ces derniers jours faisaient état d’une situation normale malgré la grève des libéraux, cela correspondait bien peu à la réalité du terrain : des centres 15 débordés, une affluence accrue de 20 à 50 % dans les services d’urgence, une agitation des ARS pour procéder à la réquisition des médecins. Parallèlement, la délégation de la FHP, menée sans concession par Lamine Gharbi, a négocié d’arrache-pied toute la semaine. Pour parvenir lundi à une réelle victoire : la prise de la citadelle du Service Public Hospitalier.
Vous le savez, nous avons obtenu un engagement écrit et signé de la ministre sur chacune de nos revendications : la suppression du lien entre l’appartenance au SPH et les autorisations, l’intégration de principe au SPH pour les établissements disposant d’un service d’urgence, la maîtrise de l’arbitraire des ARS dans l’attribution de l’habilitation au SPH, et enfin l’ouverture de discussions avec le Conseil de l’Ordre et les syndicats médicaux pour réécrire l’obligation du SPH relative à l’accessibilité financière. Au vu de ces avancées majeures, le Comité exécutif de la FHP a voté à l’unanimité la levée du préavis de grève, optant pour une stratégie de la concertation et ouvrant ainsi la possibilité d’une co-construction de notre avenir.
Mais s’il est difficile de rentrer dans un mouvement de contestation de grande ampleur, il n’est pas non plus aisé d’en sortir. Comment croire un engagement même écrit de la ministre, alors même qu’elle n’applique toujours pas le compromis de crise signé à l’issue de la grève des stages infirmiers ? Nous voulons croire en la parole d’État. Aucun d’entre nous ne se contentera longtemps de promesses et tous nous exigerons rapidement des résultats tangibles. Le gouvernement a désormais une idée de ce dont le monde libéral et privé est capable en termes de mobilisation. Nous aurons le souffle, la résistance et la détermination nécessaires pour donner une issue pragmatique sur le terrain aux engagements pris.
Toutefois, si la moitié des avancées que nous avons obtenues concerne directement les médecins de nos établissements, les libéraux n’ont pas progressé sur toutes leurs revendications. Leur inquiétude et leur colère doivent rester les nôtres, et notre solidarité à leur égard est intacte. La mobilisation des médecins libéraux nous a ouvert la voie, nous avons aujourd’hui la responsabilité de les soutenir dans leurs actions à l’intérieur et à l’extérieur de nos murs.
Aussi, dans ce contexte bien difficile, je vous adresse mes meilleurs vœux et vous invite pour cette année 2015 à voir grand et à voir loin.

 

Ségolène Benhamou
Présidente du syndicat national FHP-MCO

 

La FHP-MCO vous souhaite une excellente année 2015 !