Santé où es-tu ?

La disparition du mot « santé » de l’intitulé de notre ministère de tutelle nous avait surpris, puis interpellés pour finalement nous inquiéter. Certes, nous comprenons l’approche globale, presque holistique de justice sociale du gouvernement qui induit la santé, droit inaliénable, et socle essentiel de l’égalité des citoyens. D’une priorité dans le discours du président de la République le 31 mars, la santé est moindre dans celui du Premier ministre le 8 avril. Le 9, pas de secrétaire d’État dédié : la santé est-elle orpheline ? La ministre Marisol Touraine, fidèle au poste et bien installée depuis deux ans, assure une continuité des dossiers. La mise en œuvre de la stratégie nationale de santé devrait être déclinée dans la suite des actions passées : vigilance accrue de tous les instants. Dans ce contexte, avec le maintien de nos interlocuteurs, nous continuerons à labourer notre sillon. Nos dossiers sont certes techniquement connus, mais les politiques conduites dans le passé récent nous invitent bien évidemment à la plus grande prudence.

Lamine GHARBI
Président du syndicat national FHP-MCO 

Discours de Manuel Valls : pas de précision quant aux économies
Sur les 50 milliards d’euros d’économies que le gouvernement souhaite réaliser d’ici 2017, 23 milliards proviendraient de la sécurité sociale dont 10 milliards de l’assurance maladie. Le gouvernement envisagera-t-il de limiter à 2 % le taux de croissance annuel des dépenses d’assurance maladie pour les trois prochains exercices, voire à 1,75 % ? Le plan d’économies actuel ne permettrait de réaliser que 6 milliards d’euros d’économies… La santé est une des « priorités » pour le Président de la République toutefois la santé est apparue de manière marginale dans le discours de Manuel Valls mardi. Mercredi matin à la radio, le Premier ministre déclarait : « Les Français veulent payer moins d’impôts mais veulent aussi des services publics performants. C’est pour ca que nous avons besoin de réformes de structures, dans la durée, qui doivent concerner l’État, les collectivités territoriales ou la sécurité sociale ». Il a annoncé d’autres économies « sur les autres dépenses de sécurité sociale » et a cité la possibilité de faire ces économies « sur la gestion de caisses de sécurité sociale », mais aussi « sur la restructuration de l’offre hospitalière » et sur « la gestion de la chirurgie ambulatoire ».

MEDEF, FHF, chacun lance son plan d’économies…
Le MEDEF présente un programme choc. Les patrons prennent la parole sur la santé pour défendre un mode de financement « compatible avec les exigences de compétitivité », en distinguant ce qui relève de la solidarité, de la mutualisation et de la responsabilité individuelle. Ils préconisent un « programme pluriannuel de réformes structurelles » du système de soins conjuguant « efficience, innovation et responsabilité ». L’hôpital serait recentré sur les « cas lourds et complexes, et les urgences avérées ». La médecine de ville serait « mieux structurée et coordonnée ». Au programme, réduire la capacité de lits et développer une offre de premier recours (7 à 10 milliards d’économies), développement massif de l’ambulatoire et des MDS, réorganisation des urgences et des officines de pharmacie, meilleure gestion des hôpitaux (le MEDEF défend l’idée d’une « autonomie plus forte des hôpitaux » et d’un intéressement des gestionnaires et des équipes médico-administratives aux résultats, 2 à 3 milliards d’euros d’économies). Le MEDEF prône une consolidation de la T2A, une équité de traitement public/privé ou encore la simplification administrative. Les patients seraient incités (car mieux remboursés) au strict respect des protocoles ou des parcours les plus efficients. Il propose une diminution de 10 milliards d’euros de l’assurance maladie obligatoire (transférés vers les complémentaires ou l’effort individuel) et un recentrage du panier de soins sur les soins essentiels.

Incitation à la chirurgie ambulatoire
« L’objectif est de faire de la chirurgie ambulatoire la pratique chirurgicale de référence, en substitution de l’hospitalisation à temps complet, avec pour cible une pratique ambulatoire en chirurgie majoritaire à l’horizon des SROS-PRS fin 2016 » s’exprime le ministère.
 Deux mesures dans ce sens : suppression des bornes basses sur les GHM de chirurgie de niveau 1, et généralisation de la mise en place de tarifs uniques entre GHM de niveau 1 et de niveau J d’une même racine.

La FHF lance un plan d’économies de 5 milliards
La FHF a écrit au Premier ministre, pour l’informer de l’adoption de son plan d’économies de 5 milliards d’euros sur cinq ans et pour lui demander de mener une politique d’investissement « ambitieuse », révèle APM International. Alors que le gouvernement s’apprête à dévoiler un plan d’économies sur les dépenses publiques de 50 milliards d’euros, la FHF « ne saurait se contenter d’un discours rappelant les efforts déjà faits et refusant toute évolution du secteur hospitalier », affirme la FHF. « Rien ne serait pire en effet que de décider aveuglément des efforts, sans changements structurels, car ils auraient pour conséquence de dégrader la qualité et la sécurité des soins », alerte son président. La FHF rappelle également que « seule une politique d’investissement ambitieuse permettra aux établissements de se réorganiser, de développer de nouvelles techniques et de se moderniser ».

Pénurie de radiologues à l’hôpital
36,7 % des postes de praticiens hospitaliers à temps plein en radiologie et imagerie médicale sont vacants actuellement dans les CH et les CHU. « Ce problème inquiétant ne pourra que s’étendre et s’aggraver dans l’avenir avec le départ en retraite de plus de 1 500 praticiens de la discipline dans les dix prochaines années ». Cette situation ne permet plus non plus de répondre à l’organisation de la permanence des soins car les radiologues ne peuvent plus assurer une couverture satisfaisante des plages horaires sur les territoires, déclare la FHF.

Une augmentation sensible des pathologies neurologiques
Les hospitalisations pour les pathologies neurologiques ont augmenté de 19 % en France entre 2000 et 2012, selon une étude du Collège national des neurologues des hôpitaux généraux (CNNHG), soulignant le poids croissant de ces maladies. Le système de Santé va devoir faire face à « une probable explosion des pathologies neurologiques, en raison notamment du vieillissement de la population » alors que les neurologues sont peu nombreux, quelque 2 100 médecins actuellement

Vers une nouvelle stratégie écologique ?
La Stratégie nationale de transition écologique vers un développement durable 2014-2020 (SNTEDD), en cours d’élaboration, propose, pour les six années à venir, des orientations et des priorités réparties en neuf axes pour répondre aux grands enjeux environnementaux et à leurs conséquences économiques et sociales. Cette stratégie interroge nos façons de consommer, de produire, de travailler, de vivre ensemble. Aussi, le ministère de l’Ecologie, du Développement Durable et de l’Énergie a ouvert une consultation publique qui se terminera le 20 avril 2014. Le C2DS prépare, en concertation avec ses adhérents, sa contribution écrite à cette stratégie. Avec Ségolène Royal aux commandes, à l’aune des projets qu’elle a menés de front dans sa région Poitou-Charente, elle devrait impulser une nouvelle énergie au ministère de l’Ecologie. Enfin espérons-le !