Pertinence, vous avez dit pertinence ?

Quand le Plan d’action régional pluriannuel de la pertinence des soins se nomme « PAPRAPS » (prononcez « paperasse »), passé l’effet de surprise… on s’interroge. Si la paperasse est requalifiée « action pertinente », alors courrons, fuyons ! Nos gouvernants ont peut-être fait preuve d’autodérision (après tout, cela ne nuit pas) et cet acte de bravoure prend un tour bien impertinent qui pique notre curiosité.

Le PAPRAPS a déjà fait deux petits : l’IRAPS, l’instance de suivi, et le « pertinews », une newsletter dédiée à la pertinence et destinée aux ARS. Bien au-delà d’un effet de mode, la pertinence est un axe majeur pour nos tutelles, notamment au sein du plan d’économies pour 1,2 milliard. La pertinence et le bon usage des soins peuvent  « rapporter gros ». Mais le premier intéressé, c’est le patient, auquel les professionnels de santé doivent assurer le juste soin, au bon moment, dans les délais adaptés, sans sur-examen clinique.

A la FHP-MCO, nous sommes convaincus qu’il faut aller plus loin et nous avons d’autres idées de pertinence qui apporteraient au système de santé une meilleure efficience médico-économique : les perti-tarifs, les perti-réformes et les perti-normes. Mais si la forme est aisée à caricaturer, dans la pure lignée de « l’administratite » aigüe de la loi de santé, l’esprit de la démarche mérite que l’on s’y penche.

33 priorités nationales ont été ciblées (voir la dépêche n°292), le décret d’application est publié depuis novembre et des ateliers régionaux se sont déjà tenus. Bref, l’affaire est lancée. Si vous n’êtes pas encore passé maître es PAPRAPS, dépêchez-vous, car l’article 58 de la loi de santé prévoit un arsenal juridique pour renforcer ce pilotage régional de la pertinence des actes. Le DGARS pourra conclure avec les établissements ciblés un contrat d’amélioration 
soumis à sanction. Surtout, n’économisez pas le papier, car le non respect de « la paperasse » pourrait vous coûter 1% des produits reçus de l’Assurance maladie.

Entre les baisses de tarifs, la dégressivité tarifaire, la multiplication des dispositifs de sanctions et la reprise d’un éventuel bénéfice « déraisonnable », pas facile de conserver de la pertinence dans l’exercice de notre métier !

http://social-sante.gouv.fr/soins-et-maladies/qualite-des-soins-et-pratiques/pertinence-des-soins/article/pertinence-des-soins-300781 

Ségolène Benhamou
Présidente du syndicat national FHP-MCO