D’abord un principe d’efficience

Le pitch est simple : 18 milliards d’euros d’économies sont attendus de la part de l’État, 11 milliards d’euros des collectivités locales, 11 milliards sont prévus sur les dépenses de protection sociale et enfin 10 milliards d’euros sur l’assurance maladie. Concernant ce dernier volet, la feuille de route de Manuel Valls concernant notre secteur est annoncée : mieux organiser les parcours de soins, en renforçant les soins de premier recours, en développant la chirurgie ambulatoire, et en facilitant le retour à domicile. D’autre part, le gouvernement prévoit d’agir sur la pertinence médicale afin de réduire le nombre d’actes et d’interventions inutiles ou évitables. La FHP-MCO accueille favorablement la nécessité de réaliser des économies pour peu que celles-ci soient fondées sur le principe d’efficience des dépenses et que les efforts reposent sur l’équité entre les acteurs sanitaires publics et privés. La Cour des comptes l’a déjà souligné au sein de son rapport en septembre 2011 : 7 milliards d’économies sont réalisables en mettant en place un tarif unique des prestations entre l’hôpital et la clinique. De même, sur le champ de l’équité de l’allocation des MIGAC, pourquoi un patient précaire coûte-t-il à la collectivité 11 euros s’il est accueilli dans le secteur privé et 31 euros dans le secteur public ? La rationalisation de dépenses passera aussi par le développement des recommandations des bonnes pratiques médicales. Nous y sommes prêts. Enfin, les économies ne seront au rendez-vous que si notre tutelle s’attelle à la réorganisation du système de santé. Alors que notre secteur se restructure depuis plus de vingt ans, l’hôpital n’a pas encore fait sa mue. Si les cliniques et hôpitaux privés ne représentent que 27 % de l’offre, ils réalisent 34 % de l’activité. Il faudra poser les questions qui fâchent : faudra-t-il fermer des hôpitaux ? De nombreuses organisations diffusent actuellement leur grand plan pour la santé laissant le soin aux tutelles de les compiler. La FHP-MCO, forte du sien, ne coche pas la case « fait », mais appelle à une large concertation pour étudier ces pistes de réforme, en débattre et surtout veiller à une mise en œuvre équitable et transparente.

Lamine GHARBI
Président du syndicat national FHP-MCO 

La FHF propose 5 à 7 milliards d’économies
La FHF a proposé à Manuel Valls sept grandes propositions pour réaliser 5 à 7 milliards d’euros d’économies sur cinq ans, dans le secteur de la santé.

  • Lutter contre les près de 30 % d’actes et prescriptions inutiles (2 milliards d’euros d’économies).
  • Subordonner les autorisations d’activités et d’équipements aux seuls offreurs de soins engagés dans le service public (550 millions d’euros). La FHF considère qu’il « n’est pas acceptable que les crédits de l’assurance maladie viennent financer des établissements privés ou des professionnels de santé n’assurant aucune mission de service public ».
  • Accélérer le développement des pratiques médicales ambulatoires et à domicile (500 millions d’euros). Mais pour cela, la FHF demande un plan « ambitieux » d’investissement pour accompagner les efforts d’adaptation.
  • Restaurer les marges de manœuvre des acteurs de santé en supprimant la bureaucratie du système (550 millions d’euros). La FHF propose de diminuer de 50 % en cinq ans les moyens en personnel des ARS et très nettement les effectifs du ministère de la Santé.
  • Concernant la fermeture de petites structures publiques, Frédéric Valletoux, président de la FHF répondait à l’APM que « la carte hospitalière n’est pas éternelle, les organisations évoluent en permanence. S’interroger sur la bonne adaptation de l’offre par rapport aux besoins, est une méthode intelligente […] et si cela doit déboucher sur des évolutions ici ou là, c’est la vie, mais nous ne préconisons pas de fermer des hôpitaux ou des blocs ». « Cela dit, il n’y a pas de question tabou », a-t-il ajouté. « Si le gouvernement doit rouvrir la question des petits blocs opératoires parce qu’une réforme de fond est nécessaire, on ne refusera pas d’entrer dans la discussion par principe ».

Le MEDEF surenchérit et propose 25 à 30 milliards d’économies
Le MEDEF participe au débat sur la stratégie nationale de santé et propose 25 à 30 milliards d’euros de diminution des dépenses d’assurance maladie obligatoire d’ici 2017. Le patronat reprend le axes esquissés de la stratégie nationale de santé : un « hôpital recentré sur les cas lourds et complexes », et une médecine de ville « mieux structurée et mieux organisée ». Mais le MEDEF exclut tout effort de la part des cliniques privées et avance 7 à 10 milliards d’euros possibles grâce à une« réduction des capacités hospitalières publiques ». Il avance même la possibilité pour le privé de reprendre des hôpitaux publics en « quasi-faillite ». Le MEDEF demande une« responsabilisation » du patient, en proposant d’instaurer de nouveaux tickets modérateurs, franchises et s’insurge devant la généralisation du tiers-payant. Il demande une rationalisation du nombre des caisses d’assurance maladie. Enfin, le MEDEF propose un de réduire le « panier de soins » aux soins et services essentiels, puis un « panier de soins » pour les seuls salariés du privé défini par un accord national interprofessionnel où les complémentaires auraient toutes leur rôle à jouer. Le reste de la couverture santé serait à la charge des assurés qui pourraient se tourner vers des « sur-complémentaires » s’ils le souhaitent.

Le LEEM (Les entreprises du médicament) annonce pour fin mai des propositions d’économies dans la santé
« Il ne s’agira pas de propositions seulement économiques mais aussi de santé publique, sur la régulation, l’industriel, le social, la fiscalité », a annoncé le président du LEEM. « Moins d’une dizaine d’axes » devraient être retenus et pensés dans une vision pluriannuelle. Figureront le développement de l’ambulatoire, la réforme des ALD, la lutte contre les infections nosocomiales, la baisse des hospitalisations pour des maladies virales (en particulier l’hépatite C) ou encore la réduction de la DMS en maternité. Le LEEM s’estime légitime à intervenir hors de son secteur, notant que « lorsqu’on est la variable d’ajustement du reste, le reste nous concerne » déclare son président qui s’est par ailleurs prononcé « contre un échange du type trois embauches contre une taxe en moins ».
Voir le 4e Observatoire sociétal du médicament réalisé par Ipsos pour le Leem.

Droits des usagers, label et concours 2014
La participation au concours 2014 est ouverte. Cliquez pour savoir comment participer au label et au concours.

La pollution de l’air intérieur coûte 19 Md € par an en France
Selon l’ANSES et l’Observatoire de la qualité de l’air intérieur, l’exposition aux particules (six polluants étudiés) coûte 19 Md. Ce travail vise à apporter un éclairage économique aux décideurs publics. Les décès induits, les morbidités, les années de vie perdue ainsi que les conséquences sur les ressources dont se prive la société, ont été mesurés. Nous vous incitons à vous engager dans la campagne lancée par le C2DS L’air intérieur est notre bien commun, prenons-en soin.