Campagne tarifaire : les prémices

Dois-je commencer par la mauvaise nouvelle ou par la mauvaise nouvelle ? D’une part, une moindre augmentation de l’ONDAM hospitalier : +2 % en 2015 contre 2,24 % en 2014. D’autre part, un plan d’économies de 730 millions d’euros en 2015 contre 577 millions en 2014, dont nous savons à ce jour qu’il touchera la chirurgie et la dialyse. A quelques semaines du 1er mars, nous sommes aveugles sur les évolutions tarifaires. Quid des prévisions de volume qui impactent négativement les tarifs ? Nous étions l’année dernière à +2 % pour le secteur privé et à +2,8 % pour le secteur public. Quel arbitrage fera la ministre : baissera-t-elle – comme nous le demandons – à 1,5 % l’augmentation du volume prévisionnel du secteur privé qui était en sous-exécution en 2014, ou accédera-t-elle à la demande de la FHF d’avoir les mêmes prévisions d’augmentation de volume que le secteur privé, alors que le secteur public était l’année dernière en sur-exécution malgré un différentiel de 0,8 point ? Quid du coefficient prudentiel ? Va-t-on encore nous pénaliser a priori alors que la dégressivité tarifaire s’appliquera sur l’activité 2015, et va-t-on faire planer un doute sur sa restitution aux établissements jusqu’à la fin de l’année ? Quid de l’effet tarif ? Le ministère va-t-il se focaliser sur nos seules baisses de charges, notamment liées au CICE, ou avoir une approche globale intégrant les nombreuses augmentations de nos dépenses ? On nous annonce une campagne tarifaire 2015 brutale. Nous veillerons à ce que la ministre soit équitable dans sa « brutalité ». Il ne serait pas acceptable qu’elle redonne en MIGAC à certains ce qu’elle prendrait en tarifs aux autres, ni qu’elle ferme les yeux sur l’augmentation des tarifs journaliers de prestations, les fameux TJP qui sont à la charge des patients et que les hôpitaux publics utilisent pour ajuster leur budget. La question de la visibilité et de la lisibilité tarifaire est malheureusement toujours d’actualité et nous ne voyons aucune amélioration année après année.

Ségolène Benhamou
Présidente du syndicat national FHP-MCO

Un médecin président de la FHP Nord-Pas-de-Calais
Le docteur Jean-Marc Catesson, radiologue, à la tête du Centre Médical d’Imagerie et de Cancérologie Pôle Saint-Vaast à Douai, a été élu nouveau président. Bienvenue !

Cancer : la maladie qui fait le plus peur aux Français
La Journée mondiale de lutte contre le cancer hier était l’occasion de rappeler que le cancer reste la maladie qui fait le plus peur aux Français, selon un récent sondage de la Fondation Arc. Et pour cause, 355 000 nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année, 1,12 million de personnes ont été hospitalisées en lien avec le diagnostic, le traitement ou la surveillance d’un cancer en 2013 (augmentation de +3 % par rapport à 2010), et 185 000 décès sont enregistrés. François Hollande lançait l’année dernière le troisième plan cancer (2014-2019), d’un montant de 1,5 milliard.

Vers des tarifs encadrés par les réseaux de soins
La Mutualité française souhaite rouvrir la négociation des tarifs de tous les professionnels de soins dans le cadre des réseaux de soins autorisés depuis janvier 2014. Pour mémoire, la loi Le Roux permet aux complémentaires de moduler le remboursement lorsque leurs affiliés consultent un professionnel adhérent à leur réseau. Jusqu’à présent, seuls les chirurgiens-dentistes, les opticiens et les audioprothésistes sont concernés. La Mutualité affirme que ces réseaux permettent une baisse des prix de l’ordre de 15 %.

Des délais d’accès aux soins trop longs
La nouvelle édition de l’Observatoire Jalma sur l’accès aux soins, réalisée avec l’IFOP montre que presque deux tiers des Français estiment que le système de santé s’est dégradé ces dernières années, contre seulement 13 % qui estiment qu’il s’est amélioré. L’hôpital est prioritairement concerné et à l’inverse les cliniques sont les seules à ne pas recueillir une majorité de sentiment négatif. Deux Français sur trois renoncent à des soins à cause des délais d’attente pour obtenir un rendez-vous chez le médecin spécialiste, contre 59 % en 2012. A l’hôpital, il faut patienter 42 jours en moyenne avant une opération chirurgicale et 49 pour y obtenir un rendez-vous avec un spécialiste (+ 9 jours). La deuxième raison de renoncement est financière et concerne tout autant les généralistes en secteur 1. A noter que les plus « renonceurs » sont les patients CMU et ACS.

Vous êtes connectés
Presque 130 établissements de santé privés sont financés au titre du projetHôpital numérique (51 % des 248 au total). Au global 61,1 millions d’euros seront distribués pour des projets concernant la prescription (26 %), le pilotage (21 %), les résultats (24 %), le dossier patient informatisé interopérable (20 %). Par ailleurs, le CNOM vient de publier un livre blanc De la e-santé à la santé connectée et appelle les médecins à « accompagner le déploiement du monde numérique appliqué à la santé et à en adopter eux-mêmes les aspects utiles et bénéfiques dans leurs pratiques médicales » mais appelle aussi à une grande prudence relative au bon usage et à la confidentialité des données.

Des droits non respectés
Le rapport d’activité 2014 du Défenseur des droits note une hausse du nombre de demandes en lien avec la santé : droits des patients en fin de vie, non respect du secret professionnel, abus de cotations, accidents médicaux, comportements déviants de certains professionnels de santé, discrimination… Entre 2013 et 2014, plus de 100 000 demandes d’intervention et de conseils ont été enregistrées.

Vers un printemps de la santé : mobilisation le 15 mars
Lancé par les internes, cette mobilisation du 15 mars contre le projet de loi de santé, est rejointe chaque semaine par de nouvelles organisations d’internes, d’externes, de chefs de clinique et de médecins. Ils demandent le report de l’examen de la loi pour laisser le temps d’une réécriture du projet en profondeur.


La loi Abeille adoptée : interdiction du Wi-Fi dans les établissements accueillant des enfants de moins de 3 ans
Le 29 janvier dernier, les députés ont adopté la proposition de loi de la députée écologiste Laurence Abeille encadrant l’exposition du public aux ondes électromagnétiques générées par les technologies sans fil. Cette loi comporte l’interdiction pure et simple du Wi-Fi dans les établissements accueillant des enfants de moins de trois ans. Si cela concerne explicitement les crèches et les garderies, rien n’a été dit au sujet des maternités. Nul doute que les établissements de santé devront prendre des décisions à ce sujet pour protéger les nouveau-nés.